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| Non signé, 2014 |
Bien que peu porté sur les stéréotypes, il faut reconnaître que parmi le large éventail d'individus que la vie nous donne à connaître certains profils reviennent de manière récurrente. Il en est un en particulier qui nous a toujours fasciné bien que très souvent exaspérant. C'est généralement lors de l'anniversaire d'un pote qu'on a pas vu depuis une paye qu'on rencontre ce genre de gonze. Avenant et volubile, la conversation s'engage assez vite et si, pour une raison ou une autre - votre scepticisme affichée sur la musique qui tourne en fond sonore par exemple - il vient à vous présenter son côté mélomane, il y a fort à parier que vous aurez le droit au fameux "moi, j'écoute un peu de tout en fait" en guise de réponse à sa propre question, celle là même à laquelle vous aviez rétorqué par un balbutiement inaudible, convaincu que le sens de votre propos serait inexorablement sacrifié par cet esprit fruste sur le court chemin qui sépare ses oreilles de son encéphale. La discussion se poursuit et très vite vous réaliser que par ce "un peu de tout" il fallait comprendre "surtout n'importe quoi" ou plus précisément "tout ce que les radios aseptisées et consensuelles veulent bien mettre dans mes oreilles afin de parachever mon abrutissement". Bien que cet individu vous inspire malgré tout de la sympathie par son allant naturel et sa bonne humeur communicative et que vous seriez prêt à absoudre ses égarements musicaux, il est nécessaire, nous semble-t-il, de rappeler un point sensible : ce genre d'individu, malgré leur bonhomie toute relative, constitue, par leur capacité manifeste à avaler et digérer toutes les saloperies qu'on peut leur présenter, le terreau fertile dans lequel les vils propagandistes qui nous gouvernent peuvent allègrement semer les graines de l'indifférence et du consensus, lesquels donneront une forêt d'esprits formatées à l'ombre de laquelle ils pourront alors réaliser leurs crapuleux projets.
Le shoegaze est une tentative de sabotage volontaire de composition intrinsèquement délicate et voluptueuses dans le but d'éloigner ce tout-venant aux aspirations éminemment superficielles. Et à ce petit jeu les Luna Ghost sont des élèves plus qu'appliqués...
Although we're not really fond of stereotypes, we must recognize that among the wide range of individuals that life gives us to know some profiles are met repeatedly. There is one in particular that has always fascinated us thought being very often exasperating. This is usually when the birthday of a friend that you haven't seen for a while that you meet this kind of guy. Affable and talkative, the conversation begins quickly and if for some reason or another - your skepticism displayed on the music that runs in the background for example - it comes to present his musical side, it is a safe bet that you'll have the right to the famous "I do listen to a little bit of everything actually" in response to his own question, the one that you answered by an inaudible mumbling, convinced that the meaning of your words would inevitably be sacrificed by this rough mind on the short path between his ears to his brain. The discussion continued and soon you realize that by "a bit of everything" should be understood "especially anything" or more precisely "everything that aseptic and consensual radios are willing to put in my ears in order to make me a complete moron". Although this individual inspires you sympathy for its enthusiasm and good humor and you would even be tempted to absolve his musical wanderings, we believe it is necessary to recall a sensitive point: this kind of individuals, despite their relative good-heartedness, are, by their demonstrated ability to swallow and digest all the crap we can present them, the fertile soil in which the vile propagandists who govern us can happily sow the seeds of indifference and consensus, which will provide a deep forest of formatted spirits in the shadow of which they can achieve their heinous projects.
We believe shoegaze to be an attempt to sabotage inherently delicate and voluptuous composition in order to move it away from this all comers and their superficial aspirations. And at this little game the Luna Ghost are more than diligent students...
Le premier EP éponyme de la formation australienne s'ouvre sur de sublimes chœurs éthérés qui évoquent, sans mimer, certains des grands moments du shoegaze, on pense notamment à "Celestial" de Telescopes. A la beauté pure de ces voix qui s'entremêlent et finalement s'évaporent dans un long soupir lascif viens se joindre le martèlement sourd et méthodique d'une batterie au son outrageusement distordu. Puis soudain la lumière perce à travers ces nuages chaotiques. Une guitare mêlant étrangement délicatesse et austérité emballe le morceau d'une ligne mélodique imparable et emporte tout sur son passage. Ces voix venus d'ailleurs, cette batterie sépulcrale, tout se trouve comme aspiré dans les trépidations d'un esprit ayant renoncé à la raison. "The Sea" se termine pratiquement comme elle avait commencé, dans un decrescendo langoureux qui finit d'entraîner l'auditeur dans cet univers onirique. Puis la batterie reprend avec l'imparable "Future End", d'abord accompagnée d'une guitare discrète qui semble, par son rythme faussement chaloupé, subtilement dévoyer l'auditeur jusqu'à ce qu'un riff irrésistible ne l'assaille et le cueille d'autant plus facilement qu'il errait à demi conscient dans ce dédale chimérique d'écho et de distorsion. De là le groupe se joue de nous, nous promenant avec talent entre ciel et terre, entre les voix hallucinées et l'irrépressible sauvagerie des guitares.
L'EP se poursuit sur les mêmes bases et sur chaque morceau les Luna Ghost font preuve d'un indéniable talent pour alterner les temps forts et les ruptures et concilier un chant pratiquement susurré à des rythmiques d'une simplicité froide et hypnotique et des boucles de guitare d'une redoutable efficacité. "Switch On" en est d'ailleurs une preuve éclatante. Le groupe alterne les rythmes et nous balade avec une dangereuse facilité d'un univers à l'autre. Nous sommes des immigrés clandestins de la musique pop. Là où les chevelus en costume des années 60 nous promenaient sur l'autoroute de la jouissance dans un bus scolaire un peu trop propre, les Luna Ghost nous font voyager dans le faux plancher d'un camion frigorifique, ballottés entre la paroi brûlante du moteur et l'inespérée fraîcheur du groupe froid. Sur le non moins excellent "The Big Ride Out", porté notamment par ce voluptueux crescendo qui se construit sur 3 minutes autour de guitares en bandes inversées, les australiens s'en vont visiter les frontières communes que leur musique partage avec celle de My Bloody Valentine.
"In The Shadow Of Ghosts", qui une fois encore fait la part belle à une mélodie d'une irrésistible simplicité, un peu à l'image de ce que font les excellents et très prolifiques Black Market Karma, clôt finalement ce premier EP laissant entrevoir un avenir plein de promesses pour les Luna Ghost.
The self-titled debut EP of the Australian band begins with sublime ethereal vocals that evoke without mimicing some of the best shoegaze songs such as Telescopes "Celestial". The pure beauty of these voices intertwining and eventually evaporating into a long lascivious sigh come join the dull and methodical pounding of a drum with an outrageously distorted sound. Then suddenly the light shines through these chaotic clouds. A guitar strangely combining delicacy and austerity thrills the track with an irresistible melodic line and takes everything in its path. The voices coming from nowhere, the sepulchral battery, all is sucked up in the whirl of a mind that sacrify its reason. "The Sea" ends almost as it began, in a languid decrescendo which eventually leave the listener into this dream world. Then the battery hits again with "Future End", first accompanied by a discreet guitar that seems, by a falsely swaying rhythm, to subtly mislead the listener until an electrifying riff assaults and picks him up as whereas he was wandering semi-conscious in this chimeric maze of echoes and distortions. Since then the band will carry us with talent along a trip between heaven and earth, between the hallucinated voices and the irrepressible savagery of the guitars.
The EP continues on the same basis and, on each track, the Luna Ghost demonstrate an undeniable talent for alternating highlights and breaks and combining almost whispered vocals with the simplicity of cold and mesmerizing rhythmics and the ruthless efficiency of guitar loops. "Switch On" is a striking proof. The band alternates rhythms thus dragging us along with a dangerous ease from one universe to another. We are illegal immigrants of pop music. While the hairy lads of the sixties used to drive us on the highway of enjoyment at a peaceful pace and in a little too clean school bus, Luna Ghost makes us travel in the false floor of a refrigerated truck, tossed between the burning side of the engine and the welcome freshness chiller. On the no less excellent "The Big Ride Out", worn by a voluptuous crescendo built by reverse bands of guitars, the Australian band visits the musical border its shares with My Bloody Valentine.
"In The Shadow Of Ghosts", which once again showcases an irresistibly simple melody that recalls those of the great and prolific Black Market Karma finally closes this first EP leaving a future full of promises for Luna Ghost.
Ce premier EP est disponible en téléchargement sur le bandcamp du groupe en prix libre.
This first EP is available for free download ("name your price") on the band's bandcamp.
Le shoegaze est une tentative de sabotage volontaire de composition intrinsèquement délicate et voluptueuses dans le but d'éloigner ce tout-venant aux aspirations éminemment superficielles. Et à ce petit jeu les Luna Ghost sont des élèves plus qu'appliqués...
Although we're not really fond of stereotypes, we must recognize that among the wide range of individuals that life gives us to know some profiles are met repeatedly. There is one in particular that has always fascinated us thought being very often exasperating. This is usually when the birthday of a friend that you haven't seen for a while that you meet this kind of guy. Affable and talkative, the conversation begins quickly and if for some reason or another - your skepticism displayed on the music that runs in the background for example - it comes to present his musical side, it is a safe bet that you'll have the right to the famous "I do listen to a little bit of everything actually" in response to his own question, the one that you answered by an inaudible mumbling, convinced that the meaning of your words would inevitably be sacrificed by this rough mind on the short path between his ears to his brain. The discussion continued and soon you realize that by "a bit of everything" should be understood "especially anything" or more precisely "everything that aseptic and consensual radios are willing to put in my ears in order to make me a complete moron". Although this individual inspires you sympathy for its enthusiasm and good humor and you would even be tempted to absolve his musical wanderings, we believe it is necessary to recall a sensitive point: this kind of individuals, despite their relative good-heartedness, are, by their demonstrated ability to swallow and digest all the crap we can present them, the fertile soil in which the vile propagandists who govern us can happily sow the seeds of indifference and consensus, which will provide a deep forest of formatted spirits in the shadow of which they can achieve their heinous projects.
We believe shoegaze to be an attempt to sabotage inherently delicate and voluptuous composition in order to move it away from this all comers and their superficial aspirations. And at this little game the Luna Ghost are more than diligent students...
Le premier EP éponyme de la formation australienne s'ouvre sur de sublimes chœurs éthérés qui évoquent, sans mimer, certains des grands moments du shoegaze, on pense notamment à "Celestial" de Telescopes. A la beauté pure de ces voix qui s'entremêlent et finalement s'évaporent dans un long soupir lascif viens se joindre le martèlement sourd et méthodique d'une batterie au son outrageusement distordu. Puis soudain la lumière perce à travers ces nuages chaotiques. Une guitare mêlant étrangement délicatesse et austérité emballe le morceau d'une ligne mélodique imparable et emporte tout sur son passage. Ces voix venus d'ailleurs, cette batterie sépulcrale, tout se trouve comme aspiré dans les trépidations d'un esprit ayant renoncé à la raison. "The Sea" se termine pratiquement comme elle avait commencé, dans un decrescendo langoureux qui finit d'entraîner l'auditeur dans cet univers onirique. Puis la batterie reprend avec l'imparable "Future End", d'abord accompagnée d'une guitare discrète qui semble, par son rythme faussement chaloupé, subtilement dévoyer l'auditeur jusqu'à ce qu'un riff irrésistible ne l'assaille et le cueille d'autant plus facilement qu'il errait à demi conscient dans ce dédale chimérique d'écho et de distorsion. De là le groupe se joue de nous, nous promenant avec talent entre ciel et terre, entre les voix hallucinées et l'irrépressible sauvagerie des guitares.
L'EP se poursuit sur les mêmes bases et sur chaque morceau les Luna Ghost font preuve d'un indéniable talent pour alterner les temps forts et les ruptures et concilier un chant pratiquement susurré à des rythmiques d'une simplicité froide et hypnotique et des boucles de guitare d'une redoutable efficacité. "Switch On" en est d'ailleurs une preuve éclatante. Le groupe alterne les rythmes et nous balade avec une dangereuse facilité d'un univers à l'autre. Nous sommes des immigrés clandestins de la musique pop. Là où les chevelus en costume des années 60 nous promenaient sur l'autoroute de la jouissance dans un bus scolaire un peu trop propre, les Luna Ghost nous font voyager dans le faux plancher d'un camion frigorifique, ballottés entre la paroi brûlante du moteur et l'inespérée fraîcheur du groupe froid. Sur le non moins excellent "The Big Ride Out", porté notamment par ce voluptueux crescendo qui se construit sur 3 minutes autour de guitares en bandes inversées, les australiens s'en vont visiter les frontières communes que leur musique partage avec celle de My Bloody Valentine.
"In The Shadow Of Ghosts", qui une fois encore fait la part belle à une mélodie d'une irrésistible simplicité, un peu à l'image de ce que font les excellents et très prolifiques Black Market Karma, clôt finalement ce premier EP laissant entrevoir un avenir plein de promesses pour les Luna Ghost.
The self-titled debut EP of the Australian band begins with sublime ethereal vocals that evoke without mimicing some of the best shoegaze songs such as Telescopes "Celestial". The pure beauty of these voices intertwining and eventually evaporating into a long lascivious sigh come join the dull and methodical pounding of a drum with an outrageously distorted sound. Then suddenly the light shines through these chaotic clouds. A guitar strangely combining delicacy and austerity thrills the track with an irresistible melodic line and takes everything in its path. The voices coming from nowhere, the sepulchral battery, all is sucked up in the whirl of a mind that sacrify its reason. "The Sea" ends almost as it began, in a languid decrescendo which eventually leave the listener into this dream world. Then the battery hits again with "Future End", first accompanied by a discreet guitar that seems, by a falsely swaying rhythm, to subtly mislead the listener until an electrifying riff assaults and picks him up as whereas he was wandering semi-conscious in this chimeric maze of echoes and distortions. Since then the band will carry us with talent along a trip between heaven and earth, between the hallucinated voices and the irrepressible savagery of the guitars.
The EP continues on the same basis and, on each track, the Luna Ghost demonstrate an undeniable talent for alternating highlights and breaks and combining almost whispered vocals with the simplicity of cold and mesmerizing rhythmics and the ruthless efficiency of guitar loops. "Switch On" is a striking proof. The band alternates rhythms thus dragging us along with a dangerous ease from one universe to another. We are illegal immigrants of pop music. While the hairy lads of the sixties used to drive us on the highway of enjoyment at a peaceful pace and in a little too clean school bus, Luna Ghost makes us travel in the false floor of a refrigerated truck, tossed between the burning side of the engine and the welcome freshness chiller. On the no less excellent "The Big Ride Out", worn by a voluptuous crescendo built by reverse bands of guitars, the Australian band visits the musical border its shares with My Bloody Valentine.
"In The Shadow Of Ghosts", which once again showcases an irresistibly simple melody that recalls those of the great and prolific Black Market Karma finally closes this first EP leaving a future full of promises for Luna Ghost.
Ce premier EP est disponible en téléchargement sur le bandcamp du groupe en prix libre.
This first EP is available for free download ("name your price") on the band's bandcamp.
"...this kind of individuals, despite their relative good-heartedness, are, by their demonstrated ability to swallow and digest all the crap we can present them, the fertile soil in which the vile propagandists who govern us can happily sow the seeds of indifference and consensus, which will provide a deep forest of formatted spirits in the shadow of which they can achieve their heinous projects.
RépondreSupprimerWe believe shoegaze to be an attempt to sabotage inherently delicate and voluptuous composition in order to move it away from this all comers and their superficial aspirations." Amen :)