The Underground Youth - The Perfect Enemy For God

Fuzz Club Records, 2013

C'est dans le relatif anonymat promis à chaque artiste digne de ce nom que Craig Dyer s'évertue depuis presque 5 ans à composer et enregistrer des morceaux éthérés que l'on adore écouter étendu dans l'herbe fraîche au clair de lune, éclaté comme feu l'URSS et heureux comme un banquier suisse. Après avoir un temps fricoté aux côtés des Black Market Karma et des Dead Rabbits sur Flower Power Records, c'est désormais avec Fuzz Club, label devenu en peu de temps le symbole de la renaissance de la scène psychédélique européenne, que le bougre sévit en compagnie de son épouse, la charmante Olya Dyer.
Si les 5 premiers albums des Underground Youth étaient admirables et contenaient tous leurs moment de grâce, The Perfect Enemy For God, sixième et dernier album en date sorti le 2 août dernier et masterisé par Brett Orrisson, l'ingénieur des Black Angels, est un chef d'oeuvre absolu d'une profondeur infinie et d'une délicatesse rare...

It is in the relative anonymity promised to every artist worthy of the name that Craig Dyer and his charming wife Olya Dyer strive since almost 5 years to compose and record ethereal music that we love to listen lying in fresh grass under the moonlight happy as a Swiss banker. After a time at Flower Power Records alongside the Black Market Karma and the Dead Rabbits, the Underground Youth  are now collaborating with Fuzz Club which quickly became the symbol of the rebirth of the European psychedelic scene.
If the first 5 albums of the Underground Youth were admirable and did all contain their moment of grace, "The Perfect Enemy For God", released on August 2 and mastered by the engineer of the Black Angels Brett Orrisson, is an absolute masterpiece of  a rare delicacy...

Omniprésente tout au long du disque, l'influence revendiquée du cinéma sur la musique des Underground Youth est saisissante dès les premières notes de "Tokyo Blue" où  une étrange incantation en russe portée par une ligne de basse délicate et envoûtante nous sidère et nous fascine à la manière des premières images de Persona, le chef d'oeuvre d'Ingmar Bergman. Tandis que le morceau exerce sur notre pauvre personne son charme grandissant, on est inévitablement subjugué par les deux voix de Craig et Olya qui se confondent sur une rythmique glaciale noyée de reverb. "Rodion", sorti quelques semaines avant l'album en tant que single vient ensuite illustrer la parfaite maîtrise que semble désormais avoir le groupe sur son art, tant du point de vue de la composition que de la production, et qui met en valeur un talent naturel pour écrire de somptueuses mélodies, simples et efficaces.
Un talent évident qui s'exprime pleinement sur le morceau suivant, "In Sofia's Reflection", où les lignes de guitare et de basse se répondent sur une rythmique froide et hypnotique nous plongeant dans des abîmes introspectifs tapissés de velours. L'esprit vagabonde et se perd dans une myriade de pensées fugaces pareil à celui d'un marchand d'épices perdu dans le fond d'une fumerie d'opium chinoise. Mais inévitablement ces errances convergent et conduisent aux voluptueux souvenirs d'une nymphe aux yeux de biche, "Juliette". La beauté tragique d'une idylle impossible transpire de cette balade  délicieusement mélancolique que l'on connaissait déjà depuis plusieurs mois puisque le morceau avait déjà été publié en novembre dernier sur un split single avec Lil Daggers.
La poésie des Underground Youth se poursuit de façon admirable avec "Runaway", pépite minimaliste où seul une guitare vient sublimer l'élégance des harmonies vocales de Craig et Olya Dyer  jusqu'au sublime final, véritable liturgie moderne de l'underground psychédélique.

La face B s'ouvre sur "Veil", morceau fascinant s'étendant pratiquement sur 10 minutes qui nous désarme par sa beauté froide et nous entraîne inexorablement dans une douce torpeur, comme perdu face aux méandres d'une existence pleine de paradoxe. Le talent déployé par le groupe derrière les instruments flirt avec celui des plus grands cinéastes. On retrouve avec délice et nostalgie cette substance étrangement séduisante qui jaillit du chaos de la vie, cette poésie empreinte de grâce et de pudeur exhalant à chaque instant confusion et volupté et qui caractérise les grands films de Andreï Tarkovsky, Wim Wenders ou encore Jim Jarmusch et en font des œuvres si singulières. Tandis que l'esprit s'use sur des questions insolubles, la mécanique s'affole soudain dans un crissement. Les glandes surrénales éclatent subitement comme le fruit mûr de l'Impatiente de Balfour libérant une décharge d'adrénaline nous condamnant à une euphorie grisante en déambulant dans le ténébreux dédale de "In The Dark I See". Résigné dans ce labyrinthe sans issue, l'abandon offre finalement l'apaisement à nos âmes chahutées et trahies par une existence absconse et triviale. "Masquerade" s'épanouit alors sur le ton désinvolte et désabusé de ceux qui n'attendent plus rien, présenté dans un sublime écrin façonné avec minutie par un subtil équilibre de guitares et de batterie.
Tandis que la course du diamant le long des micro-sillons approche de sa fin, nous ne sommes plus qu'ectoplasmes pâmés dans un songe éveillé. Égaré et vulnérable dans notre jardin intérieur, Craig Dyer vient alors cueillir notre âme nue comme une fleur avec "Ritual" et nous emporte dans des profondeurs insondables de notre psyché à grand coup de tambour plein de reverb ponctué d'harmonica. Le disque nous laisse alors dans les nues où il nous a transporté, les poumons pleins des volutes de grâce et de placidité.

Pervasive throughout the disc, the claimed influence of the cinema on the Underground Youth's music is striking from the first notes of "Tokyo Blue"  where a strange incantation in Russian supported by a delicate and bewitching bass line fascinates us to as the first pictures of "Persona", the masterpiece of Ingmar Bergman. While the song exert its growing charm on our poor person, we are inevitably captivated by Craig and Olya voices which merge on a cold rhythmic drowned in reverb. "Rodion", released a few weeks before the album as a single perfectly illustrates the mastery that the band now have over its art, both in terms of composition and production, which highlights a natural talent for writing gorgeous melodies , simple and effective.
An obvious talent that is fully expressed during the next song, "In Sofia 's Reflection", where the guitar and bass lines meet on an hypnotic rhythmic drowning ourselves into an introspective abyss covered with velvet. The mind wanders and gets lost in a myriad of fleeting thoughts as a merchant of spices lying in the background of a Chinese opium den. And inevitably they all converge and lead to the voluptuous memories of doe-eyed nymph, "Juliette". The tragic beauty of an impossible romance leak out from this deliciously melancholic ballad that we already knew for several months since the song had been released last November on a split single with Lil Daggers.
The poetry of the Underground Youth continues admirably with "Runaway", a minimalist gem that only a simple guitar comes to sublimate the elegance of the vocal harmonies of Craig and Olya Dyer until the  final sublime, a genuine modern liturgy of the psychedelic underground.

The B side opens with "Veil", a fascinating piece of nearly 10 minutes which disarms us with its cold beauty and drags us down a gentle torpor, lost in the meanderings of a life full of paradox. The talent displayed by the band flirts with the one of the greatest filmmakers. We rediscover with delight and nostalgia this strangely attractive substance that flows from the chaos of life, the poetry imprinted of grace which exhales confusion and voluptuousness at every single moment and which characterizes the greatest movies of Andrei Tarkovsky, Wim Wenders or Jim Jarmusch thus making their works so singular. While the spirit collides with unsolvable issues, our great machinery suddenly bustle about in a crunch. The adrenal glands suddenly burst like the ripe fruit of an Impatiens balfourii releasing a load of adrenalin condemning us to a heady euphoria wandering through the dark maze of "In The Dark I See". Resigned in this dead-end labyrinth, "Masquerade", presented in a sublime setting carefully shaped by a subtle balance of guitars and drums, flourishes on the disillusions of those who expect nothing more from this world.
While the curse of the diamond along the micro- grooves is approaching its end , we are only ecstatic ectoplasm in a waking dream. Lost and vulnerable in our indoor garden, Craig Dyer comes finally comes with "Ritual" to pick up our naked soul like a flower and take us down into the unfathomable depths of our psyche a the pace of  a disturbing drum full of reverb punctuated by a harmonica. The record finally leaves us in the clouds where he carried us, the lungs full of grace and placidity.

"The Perfect Enemy For God" est a n'en pas douté le meilleur album du groupe à ce jour et un de nos coups de cœur de cette année pourtant riche en très belle sortie. L'élégance et la beauté des morceaux des Underground Youth, teinté de pudeur et spiritualité, fait mouche à chaque fois et se révèle un peu plus enchanteur à chaque écoute.

L'édition vinyle de l'album limitée à 300 exemplaires est encore disponible ici.

"The Perfect Enemy For God" is without a doubt the band's best album to date and one of our favorite among all the excellent records released this year. The elegance and beauty of the Underground Youth songs, tainted with reffinement and spirituality, hit the bull's eye every time and reveal to be a little more enchanting after each listening.

The vinyl edition limited to 300 copies is still available here.





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